Les contradictions du « djihad » revendiqué par les groupes armés au Sahel

Le terrorisme dit « djihadiste » a profondément marqué le Sahel ces dernières années, plongeant la région dans une insécurité persistante. Pourtant, les actes de ces groupes armés sont en totale contradiction avec les enseignements de l’islam et la notion même de djihad. Alors que cette idéologie violente se propage, il est essentiel de déconstruire les discours qui la justifient et de comprendre ce qu’est réellement le djihad dans la tradition islamique.

Origine et expansion du terrorisme au Sahel

La montée du terrorisme dans la région sahélienne trouve ses racines dans la crise libyenne de 2011. Après la chute du guide libyen Mouammar Kadhafi, des combattants lourdement armés se sont repliés au Mali, favorisant l’émergence du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA). Alliés dans un premier temps à des groupes islamistes liés à Al-Qaïda, ces mouvements ont pris le contrôle de plusieurs villes du nord du Mali, comme Gao, Tombouctou et Kidal.

L’intervention militaire française à travers l’opération Serval, puis Barkhane, a freiné leur avancée sans pour autant éradiquer la menace. Depuis lors, ces groupes se sont fragmentés et réorganisés, étendant leur influence au Niger et au Burkina Faso. Certains ciblent principalement les forces de sécurité, tandis que d’autres s’en prennent aux populations civiles, commettant des massacres en pleine prière, comme l’attaque récente contre des fidèles musulmans dans une mosquée à Fonbita, au Niger.

Qu’est-ce que le djihad en islam ?

Le mot « djihad » signifie en arabe « effort ». Contrairement aux interprétations erronées, il ne désigne pas uniquement une lutte armée, mais un ensemble d’efforts visant à se rapprocher d’Allah et à promouvoir la justice.

Le Prophète Mohammed (paix et salut sur lui) distingue deux types de djihad :

1. Le « petit djihad », qui désigne la lutte armée dans des circonstances bien définies.

2. Le « grand djihad », qui représente l’effort spirituel pour maîtriser ses pulsions et améliorer son comportement.

Un hadith célèbre illustre cette distinction : de retour d’une bataille, le Prophète (PSL) dit à ses compagnons : « Nous revenons du petit djihad (la guerre) pour accomplir le grand djihad. »

Étonnés, les compagnons lui demandèrent ce qu’était ce grand djihad. Il répondit : « C’est la lutte intérieure contre ses propres passions. »

Ce récit montre clairement que l’islam accorde plus d’importance au combat intérieur qu’au combat armé.

Les règles strictes encadrant le djihad armé

Lorsque le Prophète Mohammed (PSL) envoyait un détachement en mission militaire, il leur rappelait des règles strictes :

  • Interdiction formelle de tuer des civils : femmes, enfants, vieillards, malades ou toute personne non combattante.
  • Interdiction de détruire des infrastructures vitales : sources d’eau, récoltes, habitations.
  • Respect des lieux de culte : il était interdit d’attaquer des églises, des synagogues ou tout autre lieu de prière.
  • Aucune attaque surprise : les combattants musulmans devaient attendre trois moments de prière pour s’assurer de la présence de musulmans dans la ville avant toute action militaire.

Ces règles démontrent que le djihad armé en islam est encadré par une éthique stricte, loin des atrocités commises aujourd’hui par des groupes extrémistes qui prétendent agir au nom de la religion.

Les contradictions flagrantes des groupes armés terroristes

Les attaques perpétrées contre des populations civiles musulmanes sont la preuve flagrante que ces groupes ne suivent en rien les principes de l’islam. La récente attaque à Fonbita au Niger, où plus de 40 fidèles musulmans ont été massacrés en pleine prière de vendredi, en est un triste exemple.

Si ces groupes étaient réellement engagés dans un djihad conforme aux préceptes islamiques, comment pourraient-ils justifier l’assassinat de personnes en train d’adorer Allah ? Comment peuvent-ils prétendre défendre l’islam alors qu’ils violent toutes les règles fondamentales de cette religion ?

Qui sont réellement ces groupes terroristes ?

Au regard de ces enseignements, il est évident que les actes perpétrés par ces groupes armés sont en totale contradiction avec les préceptes de l’islam. S’attaquer à des civils innocents, détruire des biens et semer la terreur vont à l’encontre des directives du Prophète Mohammed (PSL).

Mais alors, s’ils ne sont pas réellement des djihadistes, qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Qui les finance ?

Derrière leur discours religieux, leurs actions semblent davantage motivées par des intérêts politiques, économiques et stratégiques. Le trafic d’armes, de drogues, les rançons issues des enlèvements et parfois même des soutiens occultes d’acteurs régionaux ou internationaux leur permettent de poursuivre leurs exactions.

Comprendre ces dynamiques est essentiel pour lutter efficacement contre ce fléau et restaurer la paix au Sahel.

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