La situation actuelle en République Démocratique du Congo (RDC) mérite une attention particulière, non seulement pour les Africains en général, mais surtout pour l’Afrique francophone et la région du Sahel. L’offensive en cours dans l’Est du pays, menée par les groupes rebelles du M23 et de l’AFC, avec le soutien du Rwanda d’après l’ONU, soulève des enjeux stratégiques et sécuritaires majeurs qui dépassent les frontières congolaises.
Une offensive militaire d’ampleur
Depuis plusieurs mois, les rebelles du M23 et de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) ont intensifié leurs attaques contre les forces gouvernementales congolaises. Leur avancée a culminé avec la prise de la ville stratégique de Goma, un carrefour économique et logistique essentiel. Mais l’objectif affiché ne s’arrêterait pas là : les rebelles chercheraient à renverser le président Félix Tshisekedi, une ambition qui rappelle des précédents historiques dans la région et ailleurs dans le monde.
Un shéma dejà vu: Une stratégie géopolitique en marche?
Ce qui se déroule actuellement en RDC n’est pas sans rappeler d’autres conflits récents où des groupes rebelles, soutenus par des acteurs étrangers, ont cherché à déstabiliser des régimes en place. Un parallèle peut être établi avec la Syrie, où des forces extérieures ont joué un rôle clé dans le prolongement de la guerre civile contre le régime de Bachar el-Assad.
Ce schéma semble devenir un modèle récurrent : exploiter des insurrections locales pour affaiblir ou faire tomber un pouvoir jugé hostile aux intérêts de certaines puissances.
Pourquoi le Sahel doit-il être attentif ?
Au-delà du contexte congolais, cette situation résonne fortement avec les dynamiques sécuritaires du Sahel. En dehors du Burkina Faso, qui semble avoir consolidé sa position face aux menaces internes, les deux autres pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), à savoir le Mali et le Niger, sont confrontés à des mouvements rebelles actifs, parfois soutenus par des intérêts étrangers.
La RDC offre ici un exemple concret de ce qui pourrait potentiellement être tenté ailleurs, notamment au Sahel, où des groupes armés hostiles aux régimes en place pourraient être encouragés ou instrumentalisés pour provoquer une déstabilisation politique.
Quels enseignements et quelle vigilance pour le Sahel ?
Face à cette évolution, les États sahéliens doivent tirer les leçons des événements en RDC et anticiper d’éventuels scénarios similaires :
- Renforcer la coopération sécuritaire et les renseignements pour éviter toute infiltration ou manipulation de groupes armés.
- Analyser les alliances régionales et comprendre les enjeux géopolitiques derrière certains mouvements rebelles.
- Développer une stratégie de résilience nationale qui ne repose pas uniquement sur la réponse militaire mais aussi sur la consolidation de la gouvernance et du soutien populaire.
Que retenir enfin de compte ?
Ce qui se joue en RDC dépasse largement un simple conflit interne. Il s’agit d’un test grandeur nature des nouvelles dynamiques de guerre hybride où groupes armés et influences étrangères se mêlent pour redessiner l’équilibre des forces.
Les États du Sahel, et plus largement l’Afrique francophone, doivent rester vigilants face à cette évolution qui pourrait inspirer d’autres acteurs dans la région. L’histoire récente montre que les conflits locaux sont rarement isolés, et que la géopolitique moderne ne laisse aucune zone à l’écart des influences extérieures.