Le 28 novembre 2024, le gouvernement tchadien a officiellement annoncé la résiliation de l’accord de coopération en matière de défense signé avec la France. Cet accord, révisé pour la dernière fois en 2019, régissait la présence militaire française dans ce pays, considéré comme un pilier stratégique de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel.
𝐔𝐧 𝐭𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐢𝐩𝐥𝐨𝐦𝐚𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐦𝐚𝐣𝐞𝐮𝐫
Dans un communiqué, le ministre des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, a affirmé :
« Après 66 ans d’indépendance, il est temps pour le Tchad d’affirmer sa pleine souveraineté et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon ses priorités nationales. »
Toutefois, il a souligné que cette décision n’était pas une rupture hostile, mais une révision nécessaire des termes de la coopération.
𝐂𝐨𝐧𝐭𝐞𝐱𝐭𝐞 𝐫𝐞́𝐠𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥 : 𝐮𝐧𝐞 𝐝𝐲𝐧𝐚𝐦𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐞 𝐫𝐮𝐩𝐭𝐮𝐫𝐞
Cette décision s’inscrit dans une dynamique régionale où la présence militaire française est de plus en plus contestée.
Depuis 2022, plusieurs pays du Sahel ont dénoncé leurs accords de défense avec la France :
1️⃣ Mali : mai 2022
2️⃣ Burkina Faso : janvier 2023
3️⃣ Niger : juillet 2023
Le Tchad, jusqu’ici l’un des derniers bastions de la présence française, avec environ 1 000 soldats, vient donc boucler la boucle.
𝐄𝐧𝐣𝐞𝐮𝐱 𝐬𝐭𝐫𝐚𝐭𝐞́𝐠𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐬𝐞́𝐜𝐮𝐫𝐢𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬
Cette annonce intervient dans un contexte marqué par plusieurs développements stratégiques :
1️⃣. Un rapport français recommandant une réduction militaire
En octobre 2024, un rapport dirigé par Jean Bokkel a proposé de recentrer la présence militaire française sur quatre pays : la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Gabon, et le Tchad. Paradoxalement, cette recommandation précède de peu la décision tchadienne.
2️⃣. Menaces croissantes dans la région du lac Tchad
Le Tchad a récemment été confronté à une attaque terroriste meurtrière le 28 octobre 2024, causant la mort de 40 soldats. Cette situation souligne la fragilité sécuritaire du pays.
3️⃣. Rivalités géopolitiques
Les visites rapprochées du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov (26 novembre), et du ministre français Jean-Noël Barrot (27 novembre) illustrent une intensification des rivalités pour l’influence dans la région.
𝐇𝐲𝐩𝐨𝐭𝐡𝐞̀𝐬𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐞𝐧𝐣𝐞𝐮𝐱 𝐬𝐨𝐮𝐬-𝐣𝐚𝐜𝐞𝐧𝐭𝐬
➡️ Révision pour un nouveau partenariat
La résiliation pourrait annoncer un nouveau cadre de coopération militaire, en phase avec les recommandations françaises de limiter leur présence.
➡️ Diversification des alliances stratégiques
La visite récente du président Mahamat Idriss Déby à Moscou et le renforcement des liens avec la Russie laissent entrevoir un partenariat militaire alternatif.
➡️ Réduction de la dépendance stratégique
Historiquement, la présence française a été perçue comme un levier de pression. La décision tchadienne s’inscrit dans une volonté d’autonomie stratégique.
➡️ Calcul politique en vue des législatives
Avec des élections législatives cruciales à l’horizon, ce geste pourrait être destiné à séduire un électorat jeune et nationaliste, tout en consolidant la légitimité du gouvernement.
𝐔𝐧𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐞̀𝐫𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐓𝐜𝐡𝐚𝐝
La résiliation de l’accord de défense marque un tournant historique dans les relations franco-tchadiennes. Ce réajustement stratégique pourrait redéfinir les équilibres dans la région, tout en renforçant la position du Tchad sur la scène internationale. Les élections à venir pourraient jouer un rôle décisif dans l’évolution de cette dynamique.